aurevoir papa
(j'écris peut-être un peu trop de détails confidentiels, m'excusera qui comprendra, récit commençant au bas de cette catégorie)
Peut-on dire que maintenant c'est vraiment fini? A vrai dire, durant toute la cérémonie, les discours religieux nous assuraient que Papa était auprès de dieu, que son esprit nous accompagnerait toujours, qu'il ne fallait pas être triste. Dieu pourra dire ce qu'il veut, ses paroles ne me touchent pas. La voie divine je la déteste ! Elle ne pense pas à l'égoïsme qui nous est vital !...Si j'ai envie d'être triste, je le serai!
Sur le parvis de l'église, on communie, on se marie, et on s'en va au paradis. C'est ici un mélange de joie et de pleurs que je ne supporte pas. Aujourd'hui, j 'ai offert ma joue une centaine de fois. Tellement de visages dont j'ignore tout, qui me souhaitent bien du courage, des embrassades à n'en plus finir...[Bonjour]...[Mes condoléances]...[Au revoir];
Des prières, des alléluia jusqu'au plafond. Seuls les témoignages méritaient l'écoute. Ses amis, ses collègues et sa famille. Tout ces souvenirs que personne n'oubliait... On les évoquait pour lui rendre hommage mais qui font toujours pleurer; parce qu'on se dit qu'on ne pourra plus vivre ensemble.
En sortant du noir de l'église, j'étais perdue...Nous étions de véritables phénomènes de foire : tous ces inconnus qui connaissaient mon père et qui nous fixaient ou embrassaient en se chuchotant "pauvre famille". Ils étaient agglutinés autour du corbillard pendant que nous résistions aux sanglots. Le moment que je déteste arriva : ils sortent le cercueil et le glissent comme des rats minutieux dans la véhicule. C'est le moment où on se dit encore "C'est finit pour de bon!". Ma mère est comme moi. Elle éclata un bruyant sanglot lorsque le coffre claqua alors que tout le monde se disait " qu'elle est forte"
En descendant chercher notre voiture, le vallon découvrait les monts et l'horizon. Cela m'inspirai la plus rassurante de toutes mes pensées. Papa voulait se remettre à peindre; Je me dis que de là où il est, il pourrait peindre les plus belles vues. Ça me rassurait de penser que la mort lui offrait cette beauté infinie.
Puis on amena le cercueil au cimetière. Un lieu si paisible où je me rendrais plus souvent à présent. Encore une dernière prière avant d"engouffrer la boîte dans le placard. Nous lui disions une nouvelle fois adieu en lâchant des roses dans sa tombe. Mais il fallait encore préparer nos joues car une nouvelle rafale se préparait. Je ne demandais qu'à m'isoler pour faire mijoter toutes mes émotions mais ils étaient tous là "toutes mes condoléances" à nous rappeler notre chagrin et se chuchotaient "pauvre famille". Ça n'en finissait plus ! Moi je ne voulais que fêter une dernière fois mon papa. Dans le contrat, c'était sans doute prévu... mais moi je l'ai pas signé! (souvenirs d'une anecdote...) Les gens écrasent leur malheur sur nous, comme si on en avait pas assez. Et puis ils me serrent tous trop fort!
On est ensuite allés se recueillir autour de la p'tite croix en bois. A défaut d'un monument en marbre, c'était un parterre de fleurs ! [...]On a encore besoin de lui pour nous guider sur notre chemin. On a encore besoin de sa main pour nous rattraper, comme quand on apprenait à marcher...Il est comme un pied de fleur qui aurait fané mais que de petits bourgeons fleuriront bientôt.