Après quatre ans de tâtonnements, d'égarements divers et obscurs, au final, que du temps perdu sans rien en extraire de positif et d'intelligent. Seulement du vide et des erreurs impulsives commises en pleine connaissance de causes, pourtant. Je connais donc les conséquences de mes virages identitaires, mais comme d'un élan masochiste, je m'élance vers de nouvelles extravagances, de nouvelles affirmations de moi même avec l'envie de plaire, d'impressionner, de m'imposer et d'avoir confiance en moi. Mais ce n'est qu'un jeu qui consiste à faire semblant d'être une autre, un autre qui saurait se distancer du regard d'autrui, qui avancerait d'un bon pas, sans hésitation au gré de ses désirs.
"Qui suis-je ?". Je pensais ne jamais revoir cette stupide question sur ma route. "Les questions existentielles ce n'est bon que pour les ados difficiles" disais-je, me croyant sortie de ce pétrin qu'est l'adolescence. Ma crise d'il y a quatre ans n'étais qu'une séparation douloureuse d'avec mon enfance. À présent, j'suis une vraie ado capricieuse, j'ai bientôt 16 ans, théoriquement je suis censée courir après les garçons ou faire semblant d'être homo, avoir un téléphone cellulaire, sortir sans arrêt, faire le mur, regarder secret story, regretter les deux mois de vacances qui s'achèvent, mâcher du chewing-gum toute la journée pour masquer mon haleine fraîcheur-tabac, oui, mais théoriquement, je dis bien. Je suis à côté de la plaque. C'est dit. Mes minces efforts d'intégration paient, je l'avoue, je l'avoue...douloureusement il faut le dire, car je me suis toujours mise sur le bord volontairement pour attirer l'attention, oui mais quand on attire l'attention, il faut en subit les jugements ! Voilà, après quatre ans d'appels désespérés de " hé ho, regardez-moi j'ai besoin de considération !" je n'ai toujours pas compris qu'afficher un style c'est en assumer la signification. Naïve que je suis...On n'peut pas plaire à tout le monde c'est un fait, et les critiques sont d'autant plus tranchantes lorsqu'on peine à s'affirmer et que tout à coup, un détail, une parole un regard, un sifflement m'atteint, c'est comme un coup de cisaille à travers les vêtements qui dévêt un être honteux et déstabilisé, un crachât à la figure qui rongerait une identité bancale et fragile. Je suis vulnérable, pauvre de mon petit moi, je veux de la protection, approchez, approchez Mesdames et Messieurs ! Distribution gratuite de compliments siouplait ! Naïve que je suis...ça fonctionne pas comme ça, ma p'tite crétine, où tu te crois ? Sors de ta bulle idéalisée d'un monde accueillant et ouvert et respire l'air qui fait mal en silence, tu ne dois rien glisser de compromettant à l'oreille de la brise , elle saurait trop bien renverser ton château de cartes. Apprends à assumer ce que tu veux être si tu l'as voulu, ne viens pas te plaindre de récolter la tempête en ayant semé le vent !
Qu'on ne se méprenne pas...Je ne réclame pas de pitié. Juste de la tolérance, un peu. Un opinion de moi qu'on aurait obligatoirement et qui serait inscrit sur mon front, qu'on saurait comme une évidence en me voyant. La méprise d'autrui sur mon compte m'achève "je ne suis pas ce qu'on voit de moi" ...Alors pourquoi montrer du faux ? [ceci est une question rhétorique =)]